2 — L'influence des Huguenots au début de la Colonie
L'esprit d'initiative et surtout l'expertise économique démontrés par les Huguenots, et leur désir de fonder une colonie où ils seraient libres d'adorer Dieu et de lire et étudier la Bible Authentique dans des cultes familiaux et communautaires, ont grandement contribué à l'établissement du Québec et à la fierté de son Patrimoine. D'eux nous avons notre culture, nos traditions, et notre langue qui font de nous «un peuple distinct», et même l'esprit de séparation; non une séparation charnelle qui se glorifie dans sa propre indépendance, mais une séparation spirituelle qui se glorifie dans sa soumission à la Parole de Dieu, comme il est écrit : «
Séparez-vous de cette génération perverse»
(Actes 2:40). La liste suivante des gouverneurs de la Nouvelle France révèle l'influence des Réformés dans la Colonie aux côtés des Catholiques Romains:
— Jean-François de la Rocque, sieur de Roberval, Huguenot (1540);
— le marquis de la Rocque, Catholique (1598);
— Pierre Chauvin de Rouen, Huguenot (1599);
— De Chaste, gouverneur de Dieppe, Huguenot (1602);
— Pierre de Gua, sieur de Monts, gouverneur de Pons, Huguenot (1604);
— Charles de Bourbon, comte de Soissons, Huguenot (1611);
— le prince de Condé, Huguenot (1612);
— l'amiral de Montmorency, Catholique (1620);
— Samuel de Champlain, Huguenot (1608);
— Louis de Kerke, Huguenot (1629).
Au traité de Saint-Germain, la Nouvelle France est cédée au roi de France par les Anglais.
Les années 1530-1540 marquent les débuts des expéditions et tentatives françaises de coloniser en Nouvelle France. François 1er ordonna à Jacques Cartier de faire instruire les autochtones (Amérindiens) «en amour et crainte de Dieu et la sainte foi et doctrine chrétienne». Il n'est aucunement question de distinguer entre «foi romaine» et «foi réformée», car avant «l'affaire des placards», le roi était hésitant d'être indisposé contre la Réforme. Toutefois, après ce fâcheux incident, Jean Calvin calma sa colère en lui dédiant son œuvre remarquable de «
l'Institution Chrétienne».
En 1541, le Huguenot sieur de Roberval reçoit les mêmes instructions que Cartier, toujours sans distinguer entre foi romaine et foi réformée, lorsqu'il est nommé vice-roi et lieutenant-gouverneur de la Nouvelle France. Ce n'est qu'en 1588, quarante-huit ans plus tard, que Henri III, sous l'influence de Rome, craignant le pouvoir des Réformés qui possèdent deux cents villes en France, y compris La Rochelle, Montauban et Montpellier, déclare que désormais les Huguenots doivent «
abituer, tenir subjectz et faire vivre en la crainte de Dieu, religion Catholique Apostolique et Romaine» (
Lettre de Henri III, le 12 janvier 1588).
Pourtant la Réforme continue à faire son chemin en France et «Christianisme» n'est plus nécessairement synonyme de «Catholicisme Romain». C'est en effet un contresens injuste que d'attribuer ce terme majestueux à ce dernier qui n'est qu'une religion solaire du culte de Mithra déguisé en Christianisme. Dix ans plus tard, les Réformés font à nouveau leur apparition en force en Nouvelle France. Pierre Chauvin, de foi réformée, reçoit vers 1600 l'autorisation d'explorer la vallée du Saint-Laurent en vue d'y fonder une colonie. Chauvin ne réussit pas lui-même, mais c'est grâce à ses efforts que Pierre de Gua, Sieur de Monts, ainsi que Samuel de Champlain, s'intéressèrent à la Nouvelle France.
En 1605, De Monts fonda une colonie à Port-Royal, en Acadie (Nouvelle-Écosse). Malgré d'énormes difficultés dans les premières années, des Français habitèrent à Port-Royal jusqu'à leur expulsion par les Anglais à la fin du dix-huitième siècle. Des Protestants furent parmi les premiers colons.

Samuel de Champlain, le géographe engagé par Chauvin en 1603, accompagna De Monts et devient par la suite son lieutenant. Quand Champlain fonde la ville de Québec en 1608, il est accompagné à son tour de Réformés. Il épouse deux ans plus tard, selon les Écritures, une Réformée, Hélène Boullé, avec le plein accord de De Monts. Jusqu'en 1625, l'économie est dominée par une forte présence Huguenote, et la vie quotidienne en est grandement influencée. Les Réformés ne sont pas encore organisés en Église et, tout comme dans l'Église primitive du temps des Apôtres, ils se rencontrèrent dans des foyers pour partager la Parole de Dieu. La Bible de l'Épée avait une place centrale dans ces rencontres et détenait une position de respect et d'autorité parmi les premières familles Québécoises.