III. La violence psychologique
Comme toute forme de violence apparaissant dans le cadre d'une relation,
la violence psychologique, que l'on appelle aussi parfois «cruauté mentale», est donc un abus de pouvoir et de contrôle qui s'abat surtout sur les personnes les plus démunies de pouvoir et de ressources, comme les femmes et les enfants.
Ce chapitre s'attachera surtout à
la prise de contrôle abusif de l'adulte sur l'enfant.
La violence psychologique suit un certain scénario; elle se répète et se renforce avec le temps. Laissée à elle-même, elle ne disparaît pas; elle ne fait que s'aggraver.
Celle-ci consiste en des actes, des paroles ou des attitudes qui portent directement atteinte au sentiment de dignité et de sécurité de l'enfant, ainsi qu'à sa liberté fondamentale d'être lui-même et de s'exprimer. Présente, d'une manière ou d'une autre, dans toutes les formes de maltraitances, d'abus et de négligences, la violence psychologique peut survenir comme un fait isolé ou faire partie d'un mode d'éducation.
L'une des caractéristiques de la violence psychologique est l'imposition, l'obligation d'exigences excessives disproportionnées à l'âge de l'enfant ou encore toute situation dont l'impact émotionnel dépasse les capacités d'intégration psychologique de l'enfant.
On parle de violence psychologique lorsque, par exemple,
un enfant est humilié, ridiculisé, dévalorisé, méprisé, exclu ou ignoré; lorsqu'il subit des brimades ou toute forme de harcèlement; lorsqu'il est exploité ou sur-responsabilisé; lorsqu'il est manipulé, culpabilisé, soumis à des menaces, au chantage ou à la terreur; lorsqu'il est laissé sans cadre et sans repère, lorsqu'il est pris à partie dans des conflits d'adultes, témoin obligé de violence, lorsqu'il est utilisé pour satisfaire les besoins ou les intérêts d'autrui, etc.
Chez les enfants, la violence psychologique peut nuire au développement psychologique, c'est-à-dire au développement de l'intelligence, de la mémoire, de la reconnaissance, de la perception, de l'attention, de l'imagination et du sens moral. Elle peut nuire aussi au développement social de l'enfant et compromettre sa capacité de percevoir, de sentir, de comprendre et d'exprimer des émotions.
Un enfant qui est victime de violence psychologique peut:
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présenter un grave sentiment d'angoisse, de dépression ou de repliement sur soi; |
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avoir un comportement autodestructeur ou agressif, présenter un retard dans son développement physique, affectif ou intellectuel. |
Les effets de la violence psychologique envers l'enfant peuvent entraîner de graves problèmes sur le plan des émotions et du comportement: dépression, absence d'attaches affectives ou émotionnelles avec le parent ou le gardien, faible capacité cognitive, résultats scolaires médiocres et compétences sociales sous-développées. Des chercheurs qui ont examiné des enfants victimes de violence psychologique dans la petite enfance, puis de nouveau à l'âge préscolaire, ont constaté que ces enfants sont toujours en colère, non coopératifs et indifférents à l'égard de la personne qui s'occupe le plus d'eux. En outre, ils manquent de créativité, de persévérance et d'enthousiasme. La violence psychologique peut être difficile à déceler. L'essentiel, toutefois, est d'être attentif au phénomène et de le comprendre. Les indicateurs qui suivent pourront aider à en reconnaître les manifestations:
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dépression |
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repli sur soi |
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manque d'estime de soi |
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forte anxiété |
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attitude craintive |
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absence de vitalité (enfant en bas âge) |
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agressivité |
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instabilité émotionnelle |
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troubles du sommeil |
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plaintes au sujet de troubles non fondés |
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comportement anormal pour l'âge ou l'état de développement |
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passivité ou docilité excessive |
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tentatives de suicide ou mention du suicide dans la conversation |
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extrême dépendance |
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rendement inférieur aux capacités |
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incapacité de faire confiance |
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compulsion, voler, etc. |
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autres formes de violence (connue ou présumée) |