Le sorcier pentecôtiste-1
La ténacité de l'obscurantisme
En parlant de sorciers on se croirait au Moyen-âge avec ses exagérations et superstitions de toutes sortes qui tourmentaient la conscience des ignorants et des crédules. Mais soyez assurés que ces abominations ne ce sont pas envolées avec la venue de l'ère des lumières (1715-1789), dont le but était de dépasser l'obscurantisme et de promouvoir les connaissances philosophiques et intellectuelles, encourageant la science et s'opposant aux abus des Églises et des États. Cette tendance est beaucoup plus tenace car elle se rapporte au cœur tortueux de l'homme dont la nature est complètement déchue. Sorciers et sorcières avec leurs pouvoirs surnaturels ou psychiques se portent encore très bien de nos jours, ils ont simplement changés de noms pour ne pas êtres facilement repérés. Ils ont adoptés des désignations modernes qui conviennent à leur profession, charmant le commun du peuple avec des termes de respectabilité estimés par les crédules facilement dupés et impressionnés par leurs influences et la puissance de leurs adresses. Il s'agit en effet de pasteurs pentecôtistes ou de charismatiques, de dirigeants spirituels avec de prétendus dons de puissances pour guérir, prophétiser, parler en langues, et chasser des démons chimériques de toutes espèces. Ces exploiteurs, pour ne pas dire des vampires, se nourrissent de la misère humaine, de l'ignorance des crédules, et des croyances superstitieuses de gens naïfs qui sont encore sous l'emprise de leurs imaginations maladives et malsaines. Un sorcier ne peut avoir de meilleur déguisement que de s'enrober de versets bibliques, s'imaginant dans ses délires névralgiques qu'il est un chrétien afin de mieux jouer son rôle sur la scène théâtrale des extravagances puériles d'un fanatisme débridé qui se veut la norme de la foi chrétienne.
Le pasteur sorcier est la référence ultime. Il est un spécialiste de la communication avec les puissances surnaturelles du monde fantaisiste des esprits sur lequel il s'imagine détenir l'autorité, et on lui attribue un pouvoir mystérieux soit pour guérir, soit pour envoûter ses victimes avec des belles paroles mielleuses. Il jouit généralement d'un grand prestige, surtout au milieu de ses zouaves. Le pasteur sorcier offre l'image de la famille idéale qui cache en réalité ses relations tumultueuses. Un de ses principaux rôles se situe dans le champ thérapeutique, par la pratique de l'imposition des mains ou de l'onction d'huile, en réunion ou en visite, méthode sournoise par laquelle il transfère des désordres psychiques dans des consciences sensibles à de telles perturbations. L'exorcisme par des conjurations ou prières de délivrance est également de son ressort. Comme un devin qui dit détenir le pouvoir de clairvoyance, il donne un sens aux infortunes et aux messages surnaturels peu explicites de ses sympathisants névrosés. Certes, dans le cas d'une assemblée de voltigeurs pentecôtistes ou charismatiques, le pasteur sorcier n'est pas le seul à qui ces capacités soient reconnues. La conversion pentecôtiste ne modifie pas fondamentalement les croyances traditionnelles quant aux envoûtements, on voit cela surtout parmi les africains qui trempent toujours dans leurs superstitions grossières malgré l'affirmation d'une conversion et d'une réception du Saint-Esprit. Le pasteur sorcier réintroduit dans ce genre de christianisme frénétique ces manifestations du surnaturel tenues en suspicion pendant des siècles. La plupart des convertis font l'expérience mystique d'un “baptême dit de l'Esprit†qui est loin d'un esprit sain, et au cours duquel ils se mettent pour la première fois à parler en langues sinueuse de baragouin. Plusieurs plus lucides que les zigotos qui les côtoient, avouent leur difficulté, voire leur réticence à acquérir ce charisme déréglé ou à l'exercer, et avec raison. Signes tangibles de la présence d'un esprit de dérèglement de conscience dans le corps même du fidèle, il est exigé comme preuve d'une conversion authentique dans le christianisme contrefait moderne. Ce signe est destiné non seulement au fidèle lui-même, mais aussi aux autres adeptes ainsi qu'aux non-pentecôtistes. Signes tangibles de la “délivrance†et de l'onction spirituelle du croyant quand des pasteurs qui se réclament d'une Église pentecôtiste manquent des bases théologiques nécessaires, ce qui est courant dans ces milieux d'extravagances où les expériences, les prétentions, et les apparences sont d'une importance capitale. Dans de tels cas, Dieu est souvent perçu comme une force occulte obscure et mystérieuse qu'ils utilisent à leur gré et pour leur gloire personnelle, un genre de père noël spirituel qui distribue des dons à ses enfants, et qui est soumis à leurs caprices et frivolités de tous genres.
