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par
Alain Crevier
(Blogues Radio-Canada.ca)
On l'a souvent dit, dès son élection, le pape François a créé des commissions et des groupes pour l'aider dans ses projets de réformes. La commission chargée de fouiller les finances du Vatican me fait penser aux Incorruptibles – groupe d’agents du Trésor américain qui lutta pour faire respecter la prohibition -, avec Eliot Ness à la tête de la redoutable escouade. Sauf qu'ici, ce sont des incorruptibles en soutane. Du moins certains d'entre eux.
Dans le livre Chemin de croix, dont je vous parlais la semaine dernière, le journaliste Gianluigi Nuzzi nous décrit un univers étonnant entourant le Vatican. Cambriolage de documents, religieux qui recycle du fric sale, micros cachés, caisses obscures, fuites de documents. On ne s'ennuie pas dans les pages de Nuzzi.
Évidemment, ce qui nous frappe dans le livre-choc de Gianluigi Nuzzi, ce sont les finances catastrophiques du Saint-Siège. Et du coup, l'inertie et l'incompétence de ceux qui ont été nommés pour mener à bien les activités des ministères de l'Église.
Le fonds de retraite. On se complaît, semble-t-il, à croire que le déficit n'est pas si grave. Bof! Quelques millions. On vendra un immeuble ou deux et tout rentrera dans l'ordre. La réalité, c'est que le déficit avoisine les 800 millions d'euros. De quoi mettre en péril le fonds de retraite de milliers de personnes et potentiellement la mission de l'Église.
On dira, que voulez-vous, ces hommes en soutanes ne s'y connaissent pas beaucoup en comptabilité et en administration. Mais il y a plus que ça. Plus que l'incompétence.
Il y aurait une résistance aux changements. Institutionnalisée, profondément ancrée. Qui trouve ses origines dans les abyssales coulisses de l'Église. Le pouvoir, le privilège, l'opacité. Il y a des moments où le récit de Nuzzi nous porte à penser que les bureaucrates du Vatican frôlent le mépris à l'endroit du pape lui-même.
François donne un mandat clair et précis à des experts qu'il engage pour enquêter sur les finances de la noble institution. Les experts se mettent en marche. Et comment réagissent les responsables des multiples organisations de l'Église? Et bien justement, ils ne réagissent pas. On fait comme si de rien n'était. Vous cherchez les devis, les bilans, les documents? Dommage, il n'y en a pas par ici.
Vous pensiez, vous aussi, qu'il suffisait au pape de demander pour recevoir? Grosse erreur. Dans cette administration, tant de choses sont égarées. Et même quelques valeurs catholiques.
Il est évident que certains membres de la curie, parfois des cardinaux, ne se sentent absolument pas responsables ni obligés de répondre à leur patron. Est-ce qu'il y aurait un autre patron plus influent quelque part? Le diable, diriez-vous.
Cette résistance mine le travail et les réformes de François. Nuzzi soutient que peu de choses ont été accomplies jusqu'ici. Maintenant, on sait pourquoi!
Chemin de croix. C'est le titre du livre du journaliste Gianluigi Nuzzi qui sera publié dans quelques semaines au Canada. Fascinant! Effrayant!
Évidemment, parce qu'on y trouve une foule d'anecdotes croustillantes, mais surtout parce qu'il nous fait comprendre pourquoi le pape François a tant de mal à faire avancer ses réformes.
Il y a dans l'administration de cette vieille institution des trous noirs. Et il y a manifestement des gens qui adorent les trous noirs. Parce que ça leur permet de naviguer dans une totale absence de contrôle et d'y trouver des privilèges inouïs.
Chaque année, il y a des collectes spéciales qui sont effectuées partout sur la planète catholique et qui servent à financer les bonnes oeuvres du pape. C’est le denier du pape. On y recueille des millions de dollars. En 2013, 78 millions de dollars. Cette cagnotte doit permettre au pape de venir en aide aux pauvres. Ça, c'est le principe. La réalité, c'est qu'étrangement il ne reste pas beaucoup d'argent pour les pauvres. Moins de 20 %.
Mais où sont allés les sous? C'est la question que se pose Gianluigi Nuzzi, tout comme François. « L'argent versé par les fidèles est-il employé pour des oeuvres de bienfaisance ou englouti par les trous noirs des dispendieuses administrations du Saint-Siège? »
Je fouille dans le livre de Nuzzi et que vois-je? Une liste des appartements des cardinaux. Tenez-vous bien.
Le cardinal Levada, un logement de 524,75 mètres carrés (5648 pieds carrés). Le très sympathique Roger Etchegaray, lui, habite dans un peu plus petit : 472,05 mètres carrés. Le controversé cardinal Raymond Burke : 417 mètres carrés. Notre Canadien Marc Ouellet? 467,50 mètres carrés. Et non, ce n'est pas parce qu'ils ont une famille à loger qu'on leur offre de si vastes résidences en plein coeur de Rome. Au fait, que paient-ils, ces grands personnages de l'Église comme loyer? C'est gratuit!
Mais mieux encore! « L'agence qui gère tout le patrimoine immobilier n'oublie pas chaque année d'affecter au bas mot 700 000 euros comptants à la réorganisation des logements destinés aux supérieurs de la curie romaine. »
La force du livre de Nuzzi tient au fait qu'on y trouve une foule de documents qui illustrent de manière effrayante que les finances de la curie sont obscures, opaques, vagues et mal foutues. Des documents issus de fuites bien embarrassantes pour le Vatican.
L'agence qui gère l'immobilier du Saint-Siège à Rome est incapable de fournir l'inventaire exact des biens de l'Église. Elle est incapable de justifier pourquoi certains des locataires ne paient que 29 euros par année pour leur loyer en plein centre de Rome.
Les responsables du gouvernorat du Saint-Siège sont incapables d'expliquer comment 700 000 euros de marchandises sont disparus du supermarché du Vatican. Quelque 300 000 euros de pertes à la pharmacie. Et un trou de 800 millions d'euros dans les fonds de retraite.
« Des coûts hors de contrôle, des contrats remplis de pièges, des fournisseurs malhonnêtes » avec des bilans, des devis, des inventaires… inexistants.
Au mieux, c'est le royaume de l'amateurisme. Sinon, on nage dans un univers d'escroqueries et de malhonnêteté. De bien confortables trous noirs, pour certains? Avec la bénédiction du diable!
Demain, François et la résistance institutionnelle.
La gloire soit à Christ seul aux siècles des siècles.
Source: Alain Crevier — Blogues Radio-Canada.ca
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